« Donner un sens à notre présence au monde »
Nicolas Fargues est écrivain itinérant. Depuis l’enfance, il parcourt le monde et a posé ses valises dans de nombreux pays. Dans son dernier ouvrage, Attache le cœur, il évoque en particulier le Cameroun. Il en a fait un spectacle pour Le Goût des Autres, dans lequel il lit des extraits de son livre en compagnie de trois complices : le musicien Manuel Wandji et les comédiens Mariame N’Diaye et Yann Gaël.
- lehavre.fr : D'où vous vient votre goût du voyage ?
Nicolas Fargues : D’un héritage génétique. Mon père a lui-même passé la plus grande partie de son existence à vivre hors de France et continue, à 70 ans, de voyager tout au long de l’année, malgré lui. Je crois profondément à l’interprétation ontologique de notre goût commun de la bougeotte et du « décalage » perpétuels. Les gens bien comme il faut ont une expression toute faite pour le définir : la fuite en avant. Pour ma part, j’en préfère une autre : donner un sens à notre présence au monde.
- lehavre.fr : Qu'en retirez-vous ?
N.F. : Une très agréable illusion d’avoir toujours de nouvelles choses à découvrir et, par là, de renouveler sans cesse ma curiosité et mon goût pour la vie.
- lehavre.fr : Qu'a de singulier le Cameroun ?
N.F. : Les gens. Subtils aux multiples talents, ayant un grand sens de l’humour mais également très doués pour se gâcher la vie les uns les autres.
- lehavre.fr : Quelles ont été vos ambitions en créant ce spectacle ?
N.F. : Parler d’un pays puissant au peuple puissant, aussi courageux que malade, qui n’intéresse pas grand-monde en Europe. Donner également une seconde chance à mon modeste recueil de nouvelles qui, comme le Cameroun dont il y est question, passe complètement inaperçu auprès du public depuis sa parution... Et enfin, goûter à la joie de m’entourer de deux comédiens et d’un ami musicien, moi qui, comme grand nombre d’écrivains, ne connaît que le travail en solitaire.