Culture

Tout détruire avant 76 : une bande son dessinée

CRÉATION Festival littéraire Le Goût des Autres 2018

L’illustrateur Hervé Bourhis et le DJ Rubin Steiner ont inauguré une nouvelle esthétique lors du Festival Le Goût des Autres 2018, un « mix dessiné » combinant set électro et dessins en direct live, sur la musique new-yorkaise post Seventie’s.

Ils se connaissent sur les doigts de la main et ça s’est bien senti ! Quand Rubin Steiner, fidèle parmi les fidèles du Goût des Autres (il en est à sa 3e participation), a proposé à la direction du Festival, le nom de son grand copain Hervé Bourhis pour illustrer son set sur la musique new-yorkaise post-76, il savait très bien ce qu’il faisait. Féru de rock, Bourhis a signé quelques belles anthologies en la matière, sous forme de romans graphiques très appréciés des aficionados. Pour leur première collaboration en live, ils ont choisi de remonter le temps et les styles musicaux « made in New York » jusqu’en 1976. C’est en effet à cette époque qu’émerge, dans le quartier du Lower East Side, un courant artistique qui fera date : la « no wave ». D’abord musical, le mouvement, influencé par le punk rock, s’ouvre aux machines électroniques, à l’improvisation et à la déstructuration. Il inspire également le cinéma et la littérature expérimentale des années 80. Bien qu’éphémère, la no wave marquera de son empreinte les deux décennies à venir, et cela des deux côtés de l’Atlantique.

Madonna et Sapphire

Bien calés sur leur chaise, le regard rivé sur l’écran, les spectateurs ont voyagé à l’œil dans ces « eighties » naissantes, de dessins en planches de vie façon « cartoons » et de « samples » en titres remixés. Jouant du Posca sur la musique de Rubin Steiner, Hervé Bourhis nous (re)plonge avec délice et humour dans les différentes modes qui ont traversé New York et le reste du monde jusqu’aux années 2000, de la pop dance un peu sucrée version Holiday de Madonna au rock sombre de Sapphire, en passant par le « liquid funk » et la House. Les ambiances défilent en couleurs et en notes acidulées. Gardant un œil l’un sur l’autre, les deux artistes s’accordent à la perfection, joignant l’image au son, et le son au dessin, sans aucune fausse note. Le résultat est joyeux, pétillant et vitaminé, à l’instar du duo qu’ils forment. Deux grands enfants qui s’amusent en mode BD électro et qui donnent envie de danser : ce mix dessiné est une jolie trouvaille. Créé spécialement pour le Festival littéraire Le Goût des Autres 2018, on lui souhaite de voyager, comme il a fait voyager ceux et celles qui ont eu le bonheur de le vivre en live.