Culture
Le Maire

Retour sur la soirée d'ouverture

Festival littéraire Le Goût des Autres 2015

La 4e éditon du festival des littératures Le Goût des Autres est officiellement ouvert. Edouard Philippe, maire du Havre, et Jonathan Coe, invité d’honneur, ont lancé ces 4 jours dédiés au rire et à l’humour ; avant de laisser place sur scène au duo d’un soir, le Professeur François Rollin et l’humoriste - du Jamel Comedy Club – Redouane Harjane, pour une création tout en verbe « Pierre Desproges est vivant ! ».

« Place maintenant à nos 70 invités, à ces 40 rendez-vous de spectacles et de débats qui vont pendant 4 jours mettre le rire à l’honneur. Quatre jours ouverts à tous et pour tous les publics, parce que la culture n’est pas une citadelle. Au Festival du Goût des Autres, nous préférerons toujours courir ce beau risque : que les livres et les mots sortent et envahissent le monde ». C’est sur ces mots qu’Edouard Philippe, maire du Havre, a officiellement ouvert la 4e édition du Festival des littératures Le Goût des Autres.

Au regard du thème choisi cette année, Edouard Philippe, a souligné  non sans émotion que « personne n’imaginait que les récents évènements qui ont secoué la France donneraient une résonance, et une actualité, aussi dramatiques, au festival ».

Rappelons en effet que le caricaturiste Charb devait participer à l’une des tables rondes de dimanche. La caricature, un sujet qui sera bien évidemment abordé durant le festival.

Avec la volonté de (re)donner le sourire aux spectateurs présents et à ceux qui se déplaceront au Magic Mirrors lors de ces 4 jours, Edouard Philippe a invité chacun « à prendre le rire au sérieux, et à rire parce qu’il est sain de se moquer des choses sérieuses (…). L’admettre est peut-être le début de la sagesse, en tout cas une exigence de la démocratie ». La culture comme moyen de se libérer des craintes et de s’émanciper ; le festival Le Goût des Autres comme occasion d’interroger les différences, de révéler les regards croisés et de mélanger les disciplines dans un joyeux fouillis créateur.

Le maire du Havre a ensuite laissé la parole à l’invité d’honneur de cette édition 2015 : Jonathan Coe. Pour évoquer le rire, l’auteur britannique a invité le public à se replonger dans quelques-uns de ses souvenirs. Et le premier d’entre eux datait de sa tendre enfance : « J’avais huit ans quand je fus attiré par le bruit que font les gens quand ils rient. Rien n’était plus important pour moi que de faire partie de ce groupe, rire avec mes frères, mes parents, mes grands-parents. Le rire, à cette époque, forgeait des liens de sympathie entre les gens ». Après avoir rêvé de devenir comédien de télé pour susciter du rire et rassembler les gens, Jonathan Coe a compris rapidement qu’il se tournerait vers l’écriture pour faire rire les gens. « J’ai compris que les mots qui provoquent le rire ne sont pas ceux des acteurs mais ceux des personnes qui écrivent pour les acteurs ». Adolescent, il explora les différentes formes du rire : « le rire mélancolique, l’humour noir, le rire de désespoir, le rire de colère ». C’est à cette même époque qu’il prit conscience que « le monde était cruel, injuste et rempli de malheurs », l’amenant à se poser une question : « Le rire tout seul peut-il remédier à ces problèmes ? ».

Ces mots, Jonathan Coe avoua aux spectateurs les avoir écrits il y a 5 ans. Des mots qui ont aujourd’hui, deux semaines après les événements meurtriers de Paris, une résonnance particulière, invitant même l’auteur britannique à remettre en question ses certitudes : « Le rire est-il devenu l’inverse de ce que je pensais ? Le rire ne nous rassemble-t-il plus ? Est-ce en fait quelque chose qui nous divise ? » Avant de conclure : « Rappelons-nous, par-dessus tout, que dans un monde sain et bien fait, la réponse naturelle à une blague doit être le rire et non les balles. »

Quoi de mieux donc pour rire que d’assister cette année au festival Le Goût des Autres.