Culture

Jonathan Coe, "maître de l'humour anglais", par Ana et Hippolyte Girardot

Festival littéraire Le Goût des Autres 2015

Samedi 24 janvier. L’heure du Grand entretien pour Jonathan Coe, l’invité d’honneur de ce festival qui, jours après jours, nous réserve des instants toujours plus mémorables. Avant son intervention, deux comédiens lui ont rendu hommage. Ana et Hippolyte Girardot, fille et père réunis pour la première fois sur scène, ont proposé une lecture d'extraits d’Expo 58. Un moment privilégié.

Nous sommes donc en 58. Thomas Foley, fonctionnaire anglais, se retrouve au cœur d’une intrigue politique à laquelle il ne comprend absolument rien, au cœur de l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles. Expo 58, un texte de Jonathan Coe dans la plus pure tradition de l’humour anglais. "J’aime cet humour !" Si Ana Girardot s’est sentie très impressionnée de faire cette lecture devant Jonathan Coe, elle y a vu une véritable responsabilité. "Il faut parvenir à donner – en français donc – le rythme de l’humour anglais". Pour son père, Hippolyte, l’humour anglais nécessite pudeur et grande précision. "J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte devant un public très réceptif. J’aime beaucoup ce festival du Goût des autres, surtout son côté informel. J’ai tout de suite bondi sur l’idée de venir ici et d’être accompagné sur scène par ma fille Ana."

Jonathan Coe, une oeuvre comique évidente

Place ensuite à Jonathan Coe. La dimension comique de l’ensemble de la bibliographie de l’invité d’honneur de cette édition 2015 est évidente. "Dans Expo 58, l’humour est très vite devenu un thème central, explique l’auteur. Les Français ont une idée précise de l’humour britannique, mais ne parviennent pas toujours à le définir. C’est surtout lorsque je suis dans un pays étranger que je réalise à quel point il est si particulier ! […] J’ai compris que le sens de l’humour, quand on n’a pas beaucoup de pouvoir, c’est une façon de rendre la vie plus facile. En Angleterre, même ceux qui ont du pouvoir ont ce sens de l’humour. Si vous prenez l’exemple de Boris Johnson, le maire de Londres. Avec sa tignasse blonde et ses costumes mal fichus, il est arrivé au pouvoir après s’est moqué de lui-même. Cela l’a fait connaître. A la question 'A quel politicien faites-vous le plus confiance ?' posée pour un sondage, il est arrivé en tête. [...] Par contre, cela rend l’exercice de la satire très difficile en Grande-Bretagne, car l’élite britannique a compris il y a plus de 50 ans, qu’on montrait le meilleur de soi-même avec de l’humour."

Une interrogation se pose souvent sur le travail d'un auteur de comédie : comment savoir si les bons mots feront mouche ? "On est sûr de rien ! Il faut simplement se faire confiance… Pour ma part, environ deux fois par an, je loue une maison avec un ami également écrivain et tous les soirs on se lit des passages de nos ouvrages. Bien évidemment, je choisis des extraits drôles, ça tombe bien parcequ’il aime rire. Et puis, je m’assure qu’il a bu quelques verres avant !"  

Fidèle à cette tradition du roman comique en Angleterre, Jonathan Coe n’aura d’ailleurs pas manqué d’humour à l’occasion de ce grand entretien, avec de bons mots et quelques petites phrases, se moquant – gentiment - des Français… So British !