Culture

Dany Laferrière a Le Goût des Autres et des bons mots

Festival littéraire Le Goût des Autres 2017

Troisième temps de l’ouverture du Festival littéraire Le Goût des Autres programmée jeudi 19 janvier 2017, le grand entretien avec l’Académicien canadien-haïtien Dany Laferrière mené par le journaliste et écrivain havrais Christophe Ono-Dit-Biot, a fait rayonner un grand soleil dans le Magic Mirrors.

Pour un journaliste, l’Académicien et romancier Dany Laferrière est ce qu’on appelle "un bon client". Chaleureux, volubile, débordant d’humour et de bons mots, l’homme ne se prend pas du tout sérieux malgré les ors et les fastes de la Coupole sous laquelle il siège depuis le 28 mai 2015. De son entrée à l’Académie Française "cette vieille dame qui n’aime pas qu’on la désire", il se rappelle la liesse populaire à Port-au-Prince où il avait tenu à être au moment de l’annonce officielle : "J’avais l’impression d’avoir marqué le but vainqueur en finale de la Coupe du monde, tellement c’était la folie dans les rues". Exilé au Canada depuis l’âge de 23 ans, Dany La Ferrière n’a jamais oublié d’où il vient ni à qui il doit ce qu’il est aujourd’hui. "Quand j’ai su que j’allais entrer à l’Académie Française, j’ai voulu être à Haïti et marquer le coup avec de jeunes étudiants pour que tout ça ait un sens. Je voulais être parmi les gens qui m’ont appris ce que je sais".

"Je crois à la littérature face à la dictature"

Parti au Canada dans la fleur de sa jeunesse, Dany Laferrière ne s’est jamais senti un exilé. "A 20 ans, on ne s’exile pas, on part en voyage. L’exil c’est le mot qu’emploie que celui qui vous chasse de chez vous pour vous punir. Moi, à cet âge-là, je n’ai pas pris ça comme un châtiment mais comme une chance énorme de pouvoir découvrir une ville aussi splendide et libre que Montréal". Et même si parfois "c’est un peu plus compliqué d’écrire pour des lecteurs qui ne sont pas du pays d’où je viens, cela m’a permis de déplacer mon regard par rapport à ce que je raconte, à tout doucement changer les choses." Rappelant ses premiers pas d’écrivain, Dany Laferrière affirme qu’il faut avoir une grande confiance dans la vie pour se lancer dans l’écriture car on ne sait jamais quand on finira le livre que l’on commence. Lui voulait déjà aller plus vite que la musique en "voulant écrire un 1er roman qui serait en fait le 3e pour ne pas paraître trop neuf dans le métier". De la littérature, il dit facilement qu' "elle est de salon si elle ne vaut rien face à la dictature ou au tremblement de terre. Les traces de l’écriture sont importantes pour sauver les gens… et me sauver moi-même". Jeune homme, Dany Laferrière "se rêvait bien en écrivain avec un verre de vin dans la main droite et une cigarette dans la main gauche. Avec quoi j’écrirais alors ? Avec le goût de la vie"… et un formidable talent !