Entretien
Culture

"Dans les rapides", par Maylis de Kerangal et Cascadeur

Création Festival littéraire Le Goût des Autres 2015

Cet événement est annoncé comme le moment d'émotion du festival. Imaginez : les mots de Maylis de Kerangal, extraits de son livre Dans les rapides, posés sur la musique de Cascadeur. Rencontre avec Maylis de Kerangal et Cascadeur (Alexandre Longo), quelques jours avant l'ouverture du Goût des autres 2015.

  • lehavre.fr: Comment est née l’idée d’une lecture musicale de Dans les rapides ?

Maylis de Kerangal : C’est Rozenn Le Bris (ndlr. directrice artistique du Goût des autres) qui a eu l’idée de nous réunir. Le morceau Ghost Surfer lui a fait penser à Réparer les vivants. Elle a imaginé nous faire travailler ensemble sur un autre de mes romans Dans les rapides qui se passe au Havre et où la musique est très présente.

Alexandre Longo : Au départ, j’ai été un peu étonné par cette demande qui sortait des schémas traditionnels. Mais lors de notre première rencontre, nous nous sommes trouvé de nombreux points communs, notamment dans la façon de travailler. On s’est aperçu qu’il y avait beaucoup de correspondance entre la musique de Cascadeur et Dans les rapides.

  • lehavre.fr : Comment s’est construite cette lecture ?

M.K. : C’est un vrai projet collectif où le texte et la musique entrent en résonnance. Nous ne voulions pas d’une illustration musicale basée sur des reprises de Blondie ou de Kate Bush. Ensemble, nous avons fait le découpage des textes, enregistré nos voix et choisi les morceaux de Cascadeur, avec l’idée d’imbriquer et de mélanger tout ça pour bousculer les mots. C’est à la fois fiévreux et romanesque, comme une cascade dans les rapides !

A.L. : Notre but était de faire se rencontrer deux univers autour du Havre avec une difficulté particulière, celle de travailler en temps réel et limité. Il faut donner de la puissance au langage tout en étant festif, pour rester dans l’esprit du festival. C’est réellement un projet ambitieux et vraiment intéressant.

  • lehavre.fr : Que pensez-vous du festival Le Goût des Autres ?

M.K. : J’éprouve un plaisir particulier à participer au Goût des Autres. La ville du Havre, que je n’ai jamais vraiment quittée, est très présente dans tous mes livres. C’est un vrai lieu d’écriture. L’organisation d’un festival littéraire, ici, a donc du sens. C’est un autre regard porté sur la ville, un regard généreux, à l’image de cette édition du Goût des Autres.

A.L. : Même si mon grand-père a joué en son temps au Hac, je connais peu Le Havre. J’aime beaucoup cette idée de festival littéraire où les écrivains, les comédiens, les musiciens s’entrecroisent et travaillent ensemble. Le Goût des Autres fait tomber les cloisons en mélangeant les univers et c’est vraiment bien.